23-24 Mars 2024

OLNE

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LE SALON DES VINS BIO & NATURELS

35 VIGNERONS DE FRANCE, ESPAGNE ET ITALIE

DECOUVREZ LES VIGNERONS

Château Lassolle

Stéphanie ROUSSEL | Sud-Ouest | Château Lassolle, 47250 ROMESTAING

Appellation: Côtes du Marmandais.

Biodynamie en cours de certification – Vinification en levures indigènes, sans collage ni filtration.

Stéphanie a acquis son domaine en 2002. Ce dernier est complanté par de vieilles vignes (1947/1960) avec des cépages traditionnels du Marmandais et du Sud-Ouest (Abouriou, Cot, Fer, Syrah, Cabernet Franc, Cabernet Sauvignon et Merlot). Ses vins sont issus d’une vigne cultivée de manière naturelle. Elle n’utilise ni désherbant, ni engrais chimique, ni pesticide de synthèse. Dans les vignes comme dans les chais, l’emploi des machines est réduit à son minimum.

Sa philosophie : respect du terroir et de sa typicité, prise en compte de l’équilibre biologique de la vie des sols favorisant l’écosystème naturel, et, enfin, réduction des rendements au profit de la qualité. Au chai, elle utilise ses propres levures et bien sûr pas d’enzymes ou autres produits qui détruisent la vie du vin.

Enfin, depuis 2003, elle tente la belle aventure de la culture en biodynamie… les vignes changent, les vins aussi…

Entretien avec Stéphanie Roussel

Pour commencer, qu’est-ce qui vous a décidé à vous inscrire à notre salon ?
J’ai décidé de participer à votre manifestation car mes vins ne sont pas encore connus en Belgique, et comme « L’Homme est un animal social », il se lie en fonction de ses propres affinités. En effet, la majorité des vignerons présents à votre salon, sont des vignerons qui travaillent dans le même esprit que le mien. Ils élèvent leurs vins dans le respect du terroir et c’est ce dernier qu’ils veulent mettre dans leurs bouteilles !!!! Tout ceci au mépris des lois productivistes qui régissent le monde actuellement. Cette notion de respect de la terre qui nous nourrit ainsi que le respect du consommateur, s’avère primordiale à mes yeux.

Qu’est-ce que pour vous un vin de qualité ?
La qualité est étroitement liée au terroir, les critères sont variés (orientation des cultures, vents dominants, végétation environnantes, date de plantation des vignes, méthode de travail des sols, microorganismes qui y vivent…). Nos anciens avaient identifié la majorité des grands terroirs qui composent notre vieille Europe, et ils produisaient des vins magnifiques et sans maquillage (produits, levures, enzymes, arômes chimiques, procédés technologiques de pointe…). Donc un vin de qualité, c’est d’abord du bon raisin, sain, qui permet de définir au mieux le terroir sur lequel il est planté. Je vois le vigneron comme un chef d’orchestre, c’est-à-dire qu’il dirige son travail dans les vignes et sa vinification en fonction de sa connaissance du domaine, de ses propres sensations, de sa culture, de sa personnalité, du millésime… avec des interventions à propos et « naturelles » qui feront ressortir son esprit et celui de ses raisins. Et c’est là qu’intervient la notion de définition du vin.

Pensez-vous que les méthodes « bios » peuvent apporter une solution à la crise que subit actuellement le vignoble français et à fortiori celui du Marmandais ?
Un vin doit exprimer une identité de terroir, ce que prônaient les AOC d’autrefois. Aujourd’hui, les mœurs ont profondément changés, les AOC et le marché aussi, ce serait utopique de penser que le bio, le nature… puissent être une réponse globale à la crise viticole, c’est une des réponses… mais le chemin est long, et tous les acteurs du monde viticole ne sont pas prêts à changer (grand nombre de nos vins sont refusés aux AOC, le coût de la main d’œuvre en France et ailleurs ne cesse d’augmenter, la notion de valeur ajoutée du produit tient plus du marketing, de la technologie, que de la définition propre du vin ; les multinationales dominent le marché et imposent leurs idées…). On propose au consommateur des vins caractérisés par l’uniformité ; des vins de cépages venant des plantes, et non plus des sols, du terroir.

Comment qualifieriez-vous les vins de votre production ?
Mes vins sont sincères, issus d’un sol vivant, élaborés en cave avec peu d’interventions humaine et mécanique. Je suis profondément attachée à ma terre, et j’essaie de le traduire le plus simplement du monde, en respectant la typicité des sols de mon domaine et de ma région, et en favorisant l’écosystème naturel. J’élabore des vins de garde et d’autres plus simples à picoler entres copains ou seul…

Vous cultivez du sauvignon gris, ce n’est pas un cépage très répandu. Quelles sont ses principales caractéristiques ?
Je possède en effet une petite parcelle de vieux Sauvignons Gris ; un cépage qui se raréfie dans notre région. Les baies à maturité sont roses et délicieuses si bien que je dois ruser pour que mes vendangeurs ne me mangent pas la moitié de la récolte. C’est un cépage délicat qu’il faut mener avec beaucoup d’attention. Il n’est pas spécialement fragile aux attaques cryptogamiques, mais il faut le suivre de très prêt avant la récolte ; car travailler avec lui sur des faibles rendements implique des montées en sucres des baies très rapides, à un ou deux jours prêt comme je veux faire des vins secs (ou presque), le vin peut devenir trop lourd en sucre, riche en alcool… et donc perdre son équilibre et son fruit.

La culture biologique/biodynamique, comment en êtes-vous arrivé à cette réflexion ? Est-ce pour vous une contrainte de marché ou vous ne vous fiez qu’à vos convictions ?
J’en suis venue à la culture en biodynamie de façon très pragmatique. D’abord la grande majorité des vins qui m’ont émus (domaine Leroy en Bourgogne, la Romanée Conti, domaine Leflaive… et d’autres en France et en Italie et ailleurs) sont des vins issus d’une culture en biodynamie, il me semble que la pureté et la minéralité de ces grands vins s’expriment à merveille. Pour moi, il y a donc un lien très étroit entre le mode de culture et la qualité intrinsèque du produit. De même, on a plusieurs style de vin : celui qui se déguste et celui que l’on picole avec plaisir… et dans la 2ème catégorie « la picole » il n’y a pas photo, les vins naturels offrent beaucoup plus de plaisir immédiat : ils sont vivants, vrais et la dégustation de ces vins parle d’elle même !!!! Enfin le lien essentiel entre tous ces vins est bien sûr : le respect de l’environnement, de la vie, et du consommateur. Pour moi, ce mode de culture s’avère naturel, il s’impose simplement sur un plan éthique et personnel comme une certitude.

Comment ces méthodes (bio…) sont-elles appliquées à votre domaine ?
Depuis quelques années, j’observe, dans ma propriété, le changement sur la vie de la plante, du sol et de l’écosystème environnant : c’est étonnant !!! Je n’imaginais pas cultiver la vigne d’une autre façon quand j’ai pris cette petite propriété en 2002. Avec beaucoup de travail et un peu de recul, je me rends compte que j’avais raison. La plus belle preuve : les anciens du village dans lequel je vis me prenaient pour une illuminée lorsque je me suis installée mais aujourd’hui ils me respectent (c’est eux et leurs parents qui ont planté les vignes de mon domaine) et il sont fiers de voir de l’herbe et des fleurs et de nombreux petits animaux au cœur des vignes. En matière d’agriculture, la méthode conventionnelle est à bout de souffle (voir les études de Claude Bourguignon à ce sujet…). En quelques décennies, les produits chimiques et autres ont éteints les sols. La vigne est nourrie par le haut, il n’y a plus d’enracinement profond. Notre agriculture bio, naturelle, biodynamique… redonne vie au sol, renforce les défenses de la plante et favorise la relation ciel, terre, sous-sol. Elle permet de dégager de l’énergie que l’on retrouve souvent dans nos vins d’ailleurs !!! L’effet millésime s’en trouve renforcé.

Quelles sont vos réactions par rapport à la presse en général qui voit dans les vins bios, naturels ou sans soufre un effet de mode et qui remettent en cause les méthodes employées par les viticulteurs « bios » pour lutter contre les maladies ?
Bien sur la presse n’est pas entièrement convaincue, d’autant plus que quelques fraudeurs appâtés par le gain se mettent dans les rangs en croyant faire fortune sur l’image « trendy » du bio… alors que rien n’est si simple et que Dame Nature reste la grande maîtresse.

30/11/2007

roussel

stephanie_rousselle